Daito Ryu – Ikkajo – Ippon Dori

 

 

 

Dans les Koryu, la première des techniques enseignées est souvent une des plus complexes, celle qui contient la plupart des principes qui seront développés dans la suite du programme.

Dans le Daito Ryu, Ippon Dori est la première technique enseignée que ce soit en Idori qu’en Taichi ai. Littéralement « Première prise », c’est une technique fondamentale dans l’appropriation du Daito Ryu. De nombreux principes y sont inclus et notamment quatre éléments de bases qui sont recevoir (ukeru), saisir (toru), frapper (utsu) et immobiliser (osaeru).

Ce qui frappe tout d’abord en regardant Tori effectuer Ippon Dori sur Uke est l’apparente simplicité de la technique appliquée ainsi que son efficacité. Cette apparente simplicité pourra s’observer dans quasiment l’ensemble des techniques du Daito Ryu Aiki JuJutsu.

Simple et efficace, Ippon Dori nécessite néanmoins un nombre incalculable d’exécutions pour arriver à la faire correctement et efficacement. Répétitions qui devront être faites à la fois à droite et à gauche jusqu’à développer une égale habileté des deux côtés.

La position de départ est Shizentai, pieds écartés de la largeur des épaules en une posture naturelle qui permet à la fois un déplacement rapide et une attitude neutre, non martiale. Les poings sont généralement à moitiés fermés, les pouces repliés et cachés sous les doigts - vue l’importance de « la pince » dans l’exécution des techniques, il est nécessaire de les préserver d’une éventuelle saisie -, les bras sont relativement fermes mais pas trop afin de ne pas ralentir la vitesse d’exécution des mouvements. Le regard (metsuke) ne porte sur rien de précis, il englobe Uke sans se focaliser sur un endroit particulier. L’esprit est Zanshin, prêt à réagir à l’attaque d’Uke.

Ippon Dori permet donc dans un premier temps d’appréhender la « garde » du Daito Ryu.

L’attaque jaillit, dans la forme codifiée, c’est un Shomen Uchi, une frappe verticale qui vise le sommet de la tête. Point important à considérer, même si elle est effectuée à main nue, cette attaque est, dans la réalité, faite avec une arme, généralement un Kodachi, le sabre court. Cela pourrait également être un tanto, un tambo…bref, toute arme tranchante ou contondante et ce détail est à garder en tête lors de l’exécution de la technique.

Lors de l’attaque, la défense consiste à venir renverser Uke en effectuant un mouvement d’essuie-glace en venant saisir le bras droit d’Uke au-dessus du coude avec sa main gauche et de balayer le Kote droit avec le tranchant de la main droite. Le contact des 2 mains est simultané. De même, une fois le contact réalisé, le serrage de la main gauche en pronation est immédiat.

Au niveau du déplacement, lors de l’attaque, on a fait Irimi en avançant le pied droit suivant un angle de 45° environ. Cela permet de sortir de la ligne d’attaque tout en accompagnant le mouvement de balayage des mains et de déséquilibrer Uke. Ce déséquilibre est nécessaire et est à provoquer en balayant fortement le bras droit d’Uke lors de l’attaque. Le bras est à bloquer alors qu’il commence tout juste à être en phase de descente. La notion de Zanshin est importante. La réaction à l’attaque doit être la plus vive possible d’où l’importance de la garde adoptée qui permet une action très rapide.

Garde naturelle permettant une réaction rapide, sortie de la ligne d’attaque, réception de l’attaque (Ukeru), avancée sur Uke tout en le renversant, contrôle de son bras pas saisie forte (Toru) au-dessus de son coude, contrôle qui sera conservé jusqu’à l’issue – fatale théoriquement -  de la technique, tels sont déjà les principes fondamentaux du Daito Ryu présents dans cette première phase d’Ippon Dori.

Uke étant renversé en déséquilibre, son bras repoussé et fermement maintenu pas cette « pince de crabe » au-dessus du coude, un atemi est donné dans les côtes flottantes. Initialement, le mouvement devait probablement consister à venir saisir un tanto porté à la ceinture et à venir le plonger au cœur de l’aisselle découverte d’Uke, là où l’armure est inexistante. Takeda Sokaku avait d’ailleurs le ventre couvert de cicatrices des marques du couteau qu’il glissait – sans saya – à la ceinture sous ses vêtements.

A main nue, l’atemi est porté (Utsu) avec l’articulation du majeur de la main droite (Nakadaka Ken) soit sous l’aisselle pour simuler la frappe d’estoc au couteau qui vient sectionner l’artère axillaire, soit dans les côtes flottantes.

La main qui vient de frapper vient serrer en pronation le Kote droit de Uke, Positionnée fermement à sa base du poignet, elle empêche toute action de rotation de la main d’Uke tenant l’arme et la contrôle donc. Par un mouvement de rame, en prenant comme axe de rotation la main gauche qui tient le coude, on va agir sur l’épaule d’Uke en poussant de la main gauche sur celle-ci tandis que la droite va tirer le poignet à la hanche droite au niveau de la ceinture. Le but est de renverser Uke, de récupérer son énergie pour le mettre en position d’immobilisation. Le mouvement de rame permet de repousser le bras de Uke dans le logement de son épaule, la bloquant et le mettant en déséquilibre arrière, déséquilibre que nous allons utiliser pour le tirer à soi en l’immobilisant (Osaeru). La main droite d’Uke est fermement tenue par la main droite de Tori et appuyé à la hanche. La main gauche de Tori est serrée au-dessus du coude d’Uke en une pince de crabe. Le poignet d’Uke est positionné au-dessus de son coude et Tori exerce une pression mettant le coude d’Uke en contrainte. En portant un atémi au visage du pied gauche puis en reposant sa jambe en avant, Tori avance encore dans Uke, le repoussant dans une position de déséquilibre inconfortable et qui lui permet ensuite, en déplaçant légèrement sont pied droit de se mettre dans une position très stable pour effectuer un atemi d’expression martiale de la main gauche sur la nuque de Uke et de terminer la technique.

Bon, parfois, cela ne se termine pas comme cela... 

Photo de Takeda Munemitsu